Léo Henry - "Héctor"

Grand crû, 15 ans d'âge

Cet ouvrage atypique et passionnant a fait un long voyage, et comme un grand crû, il est le résultat d'une longue maturation.

Il est né il y a une quinzaine d'années lorsque Léo Henry, écrivain voyageur et curieux, a mis pour la première fois les pieds en Argentine, où l'artiste Sergio Zagui lui a fait découvrir un scénariste de bande dessinée argentin méconnu.

Cette rencontre initie ce qui deviendra le Projet "H.G.O.", second Gros Livre Sérieux pour lequel l'auteur obtient la première bourse d'aide à la création Dystopia* en 2018.

Le résultat, "Héctor", le dernier livre de Léo Henry, arrive après-demain aux Éditions Rivages.

Argentine, dictature et bande dessinée

"Héctor" est un objet hybride, entre fiction, documentaire et journal d'exploration. Léo Henry nous y présente le scénariste de bande dessinée argentin, Héctor Germán Oesterheld, à travers le prisme du rapport de son œuvre de fiction avec son engagement de résistant.

Au cœur du dispositif, la seconde version de "L'Eternaute", dessinée par Alberto Breccia, que HGO a écrit en 1969, saisissante préfiguration du "Processus de réorganisation nationale", la dictature militaire argentine qui s'installe en 1976. Période durant laquelle Héctor Germán Oesterheld et ses filles "disparaîtront" après leur engagement dans le mouvement résistant des Montoneros.

L'ouvrage alterne les points de vue et les modes : les confidences de Léo Henry sur son travail de recherche et son voyage sur les lieux de mémoire de la dictature; les tentatives de saisir par la fiction documentée des moments historiques clés de la vie d'HGO; les incursions dans la ville d'Aquilea, la Buenos Aires fictive du film "Invasión" (1969) de Hugo Santiago, coécrit par Jorge Luis Borges; les extraits de l'histoire de Juan Salvo, héros de "L'Eternaute".

Il y est question des horreurs du totalitarisme, de camps de torture, de la guerre sale menée sur le modèle de la "doctrine de la guerre révolutionnaire" française, de la résistance héroïque et vaine, de la "disparition" et du rôle du langage dans la mémoire, mais aussi des silences de l'aveugle Borges, des oublis d'Hugo Pratt, et de plein de choses encore...

Ouverture

Si l'ignorance est parfois embarrassante, il n'est jamais trop tard pour se coucher moins bête. La lecture du livre de Léo Henry m'a saisi en flagrant délit d'inculture historique et culturelle, mais ce voyage dans l'histoire de l'Argentine et la bande dessinée d'Oesterheld m'a élevé, ouvert à un rhizome de découvertes et de réflexions que j'accueille avec plaisir, tristesse et effroi.

Mais "Héctor" est aussi un cadeau de Léo Henry, une ouverture humble et courageuse sur les coulisses de son écriture, une fenêtre entrebâillée sur la manière dont un sujet s'empare d'un écrivain, sur l'impossibilité de séparer réalité et fiction, sur ce rôle essentiel qu'ont les histoires pour exister et se souvenir, tout simplement.

"Héctor", roman de Léo Henry
Éditions Rivages 1er février 2023

(Merci à Alain Deroudilhe pour le service de presse)

*Léo Henry vous parle

Un coup d’œil dans les coulisses, avec les archives de la communication de l'auteur pour première "Bourse d'aide à la création Dystopia" :
Léo Henry vous présente son projet
Léo Henry vous parle 1
Léo Henry vous parle 2
Léo Henry vous parle 3
Léo Henry vous parle 4
Léo Henry vous parle 5
Léo Henry vous parle 6

Héctor

Héctor Germán Oesterheld, scénariste culte de la bande-dessinée de science-fiction argentine, fut aussi, avec ses quatre filles, un des fameux " disparus " de la dictature militaire de Videla.L...

https://www.payot-rivages.fr/rivages/livre/h%C3%A9ctor-9782743658397

"Yellow Gate Water Door" (2007), de Caio Locke (illustration du bandeau de couverture)