Robert Charles Wilson

Notre ami à Toronto

Quelqu'un a dit que l'humanisme est une société d'amis qui correspondent par le biais de la littérature. Ce réseau épistolaire compte un ami précieux dont on attend les missives avec impatience : Robert Charles Wilson.

En quelques mois, plusieurs livraisons de l'aimable canadien nous ont enchanté. En septembre dernier, le facteur a sonné deux fois. "Les Derniers Jours du Paradis", dernier roman de l'ami sur les mystères de la radiosphère et de ses habitants extraterrestres, et "Les Perséides", pluie céleste de nouvelles édifiantes liées à l'inquiétante librairie Finders. Mi-mars, la parution en poche de "Vortex" est assortie du retirage des deux premiers volets de la trilogie chef d'œuvre de Wilson, qui voit les Hypothétiques sauver la Terre et transporter l'humanité à des millions d'années dans le futur.

Voilà, la boîte aux lettres est pleine, vous avez du courrier en retard et les nouvelles sont excellentes. La prose de l'ami de Toronto, élégante et généreuse, donne à l'humanisme une dimension cosmique. L'irruption de l'inquiétante étrangeté science-fictive dans la vie familière des personnages les confronte aux questions essentielles de la vie et de la mort. Wilson redécouvre la puissance existentielle de la nature sauvage que notre civilisation lumineuse et bruyante s'ingénie à camoufler. On ressort grandi de ces histoires exotiques qui transcendant nos catégories ordinaires. Le chant de l'espèce résonne, réanime chez le lecteur l'animal inquiet qui se souvient pourquoi l'humanité doit être une société d'amis...

"Les Derniers Jours du Paradis" (Denoël Lunes d'Encre), "Les Perséides" (Le Belial), "Spin", "Axis" et "Vortex" (Folio SF), de Robert Charles Wilson.

Article paru le 29 mars 2015 dans le Républicain Lorrain